Arras : les soldes 2009 dans le flou


Revue de Presse

DANS LE FLOU

Pour la première fois cette année, les commerçants ont droit à deux semaines supplémentaire de soldes. À prendre quand ils veulent. À Arras, si l'union commerciale Arras commerce et coeur de ville a arrêté la semaine du 14 au 20 avril, nombreuses sont les enseignes à avoir déjà donné le coup d'envoi. Tous s'y perdent.
Moins 30 %, moins 50 %, moins 70 %... Avec le printemps, les rues commerçantes d'Arras fleurissent de pancartes criardes. « Mais, au fait, je ne savais pas que c'était les soldes », s'étonne Aline, 15 ans, le nez collé à une vitrine. Oui ? Non ? Et bien, tout dépend des enseignes. La période dite de soldes flottants a commencé. Dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie, les commerçants sont, depuis cette année 2009, autorisés à faire deux semaines de soldes en plus de celles d'été et d'hiver. Quand bon leur semble. C'est là que ça pêche. L'union commerciale Arras commerces et coeur de ville a tenté d'harmoniser les choses : elle a proposé d'arrêter cette semaine de soldes de printemps du 14 au 20 avril. Nombreuses sont les enseignes à avoir pourtant déjà donné le coup d'envoi. Pour les franchisées, les dates des soldes dépendent en effet de la marque. « Je dois m'aligner sur les décisions prises au siège, la date de l'union commerciale ne leur convenait pas », indique Amélie Roulet, responsable de Camaïeu. En ajoutant : « C'est dommage, je ne sais pas si les soldes auront un impact important : à force de voir les panneaux toute l'année, les clientes attendent moins. » Du côté des enseignes déjà en soldes. C'est le flou. Telle enseigne a lancé ses soldes le 26 mars... Mais quand il s'agit de savoir jusqu'à quand dure l'opération, la responsable hésite : « Heu, je vais voir sur le panneau à l'entrée. » Et la plupart n'y trouvent pas leur compte. « Franchement, je vends mieux les collections qui ne sont pas en soldes ! Sur les modèles à prix réduits, je suis quasiment à perte, et je n'en vends pas assez pour que ce soit rentable », enrage la responsable.
Les clients s'y perdent
Il faut dire, que, question lisibilité, cette période de soldes est largement « flottante », plaisante un vendeur. « C'est le flou. À un moment, il faut dire stop, explique Pascal Lefebvre, vice-président d'Arras commerce et coeur de ville.
Si on a des réductions toute l'année, ça n'a plus aucun sens. Et si tous les commerces ne font pas ça en même temps, difficile de communiquer. Les gens ne vont rien y comprendre. » Effectivement : « On a vu, en passant qu'il y avait des réductions partout, tant mieux », se félicitent Mathilde et Margaux, 17 ans. « Mais en même temps, s'inquiète Juliette, 15 ans, les soldes, je veux dire les vrais, cet été, seront moins importants ? »


TROIS QUESTIONS À...
Patrick LANIEZ, spécialiste du commerce à la chambre de commerce et d’industrie d’Arras

Patrick Laniez est chargé du service développement des entreprises à la chambre de commerce et d'industrie d'Arras. Il livre son analyse de cette nouvelle période de soldes flottants.
Nous sommes en période de soldes flottants, de quoi s'agit-il ?
C'est une émanation de la loi de modernisation de l'économie, votée en août 2008. Elle donne aux commerçants la liberté de faire deux semaines de soldes en dehors des périodes traditionnelles. Chacun peut choisir ses dates, il faut juste en faire à l'avance une déclaration à la préfecture.
Comment cette période s'est-elle organisée à Arras ?
L'union Arras commerce et coeur de ville a voulu établir une date commune avec ses adhérents. La semaine fixée est celle du 14 avril. Le problème, c'est que certaines enseignes sont déjà en soldes. Pour les franchisées et autres, la date est en effet déterminée par le siège de l'entreprise. C'est comme ça, point barre. J'ai moi-même découvert que telle ou telle enseigne était en soldes ! C'est le flou artistique.
Pour les consommateurs, il y a un vrai manque de lisibilité. Sont-ils au rendez-vous ? Ce qui est sûr, c'est que pour communiquer, annoncer les soldes, c'est bien plus compliqué que pour cet été par exemple où la date de départ est déjà arrêtée au 24 juin. Je ne sais pas si le législateur a pensé à tout. Cette loi est faite pour relancer la consommation…
Ces soldes flottants peuvent-ils avoir un impact ?
À l'instant T, en passant devant une vitrine, le consommateur devrait tout de même profiter des réductions. Mais l'impact risque d'être moindre que celui des soldes que nous connaissons, c'est sûr. Avec des périodes ainsi étalées, le client va s'y perdre. Et tous les commerces ne sont pas sur un pied d'égalité : ceux qui auront démarré avant les autres pourraient bénéficier d'un effet de primeur. À la fin de l'année, nous tirerons des conclusions de ces deux semaines de soldes (pour celle d'automne, Arras commerce et coeur de ville a prévu la semaine du 13 octobre). On fera un rapport… Et si la loi n'est pas amendée d'ici l'an prochain, on risque de se trouver avec le même état de fait.
Sarah Nicolle

Revue de Presse du 28 mars 2009 - Source : La Voix du Nord