Entreprises - La crise de l’immobilier fait des victimes

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Economie
Entreprises - La crise de l’immobilier fait des victimes

Face à une conjoncture défavorable, les professionnels du déménagement prennent toutes les mesures possibles pour subsister, quitte à tomber parfois dans l’illégalité.

Des prix en baisse de 50 %. Il ne s’agit pas des soldes flottants mais des rabais proposés par des entreprises de déménagement, durement frappées par la crise de l’immobilier. La guerre des prix est lancée dans ce secteur ou le nombre de contrats est en chute libre.
« Dans les grands centres urbains, qui sont les plus touchés, des concurrents ont baissé leurs tarifs de moitié ces derniers mois », constate Phillipe Guelin, qui dirige une entreprise de trente salariés à Cognac (Charente). Les sociétés, en majorité des PME, utilisent tous les moyens dont elles disposent pour ne pas disparaître. Et la crise entraîne parfois des dérives.
« Des patrons autorisent leurs déménageurs à rouler sans assurance ou emploient des travailleurs au noir pour réduire leurs coûts au maximum », affirme encore Phillipe Guelin. Le recours au chômage partiel, voire au licenciement, est aussi beaucoup plus fréquent depuis le début de l’année.
« Le téléphone ne sonne plus, j’ai déjà licencié un employé, et les deux autres n’ont pas touché leur salaire depuis trois mois. Je ne suis vraiment pas loin du dépôt de bilan », déplore un déménageur de la région parisienne. Et son cas n’est pas isolé.
Depuis janvier, les entreprises enregistrent une chute de 40 % des contrats, selon les données de la chambre syndicale du déménagement. Une nouvelle concurrence La situation est d’autant plus grave que le secteur est composé à 90 % de PME de moins de vingt salariés. « Une entreprise sur dix et 1.400 emplois sur 15.000 sont menacés », estime Yann Viguié, le porte-parole de la chambre.
« Beaucoup de Français reportent l’achat d’une habitation. Les retraités et les grandes familles sont particulièrement peu mobiles en ce moment. Heureusement, il y a encore des personnes contraintes de quitter leur maison à la suite d’un divorce, ou d’un décès par exemple », observe Thierry Guillaume, un brin cynique. Ce gérant d’une société de déménagement basée à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) doit aussi faire face à une nouvelle concurrence.
« Certaines sociétés de transport routier, en grave difficulté, commencent à travailler dans nos métiers », explique-t-il. Les professionnels espèrent maintenant qu’avec l’arrivée des beaux jours, la haute saison pour les déménagements, les clients vont revenir.
« Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 1,3 milliard en 2008. Si l’été n’est pas trop mauvais, nous tablons sur un recul de 10 % en 2009. Mais cela pourrait être bien pire », soupire Yann Vigué. La profession attend désormais une aide de la part du gouvernement, avec en ligne de mire, une TVA à 5,5 %.
Guillaume Rameaux

Revue de Presse du 30 mars 2009 - Source : France Soir